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marylka

Tout en lisant, elle imprime à l’arbre un mouvement de bascule, en sorte que les taches rondes de soleil vont et viennent sur son visage en se jouant, et éclairent tantôt ses jolis sourcils arqués, tantôt les coins de sa bouche mignonne qu’effleure un inconscient sourire. Le calme est si profond qu’on distingue chaque petit cri d’oiseau, chaque léger battement d’ailes, et jusqu’à la chute des brindilles le long des écorces.

Tout à coup une clameur s’élève au fond de la forêt, mêlée de cris, d’aboiements furieux, qui approchent, grandissent,… puis… un brusque froissement parmi les feuilles sèches,… une trouée dans le buisson… et on voit apparaître une femme hagarde, misérable, la face maculée, les paupières sanglantes. Durant l’espace d’une seconde elle s’arrête, pareille à une bête traquée, et semble écouter, mais vite elle reprend sa course affolée. Bientôt après, quatre ou cinq rudes gaillards armés de pieux, accompagnés de leurs chiens, débouchent