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SOUVENIRS D’UN VIEUX CRITIQUE

Théroigne-Méricourt, le faubourg Saint-Germain et le Comité de Salut public, on vit reparaître, en ces jours sinistres, un des symptômes qui avaient marqué le paroxysme de la Terreur et le procès de Louis XVI ; ce que M. Villemain a éloquemment appelé les implacables colères de la peur. On vivait dans une ardente atmosphère qui changeait l’épouvante en cruauté. On s’infligeait à soi-même de féroces démentis, de peur d’être dénoncé comme plus tiède que son voisin. Le frisson condamnait à mort, la lacheté se faisait pourvoyeuse de la fusillade et de l’échafaud. Les lèvres disaient le contraire de ce que leur dictaient la conscience et le cœur. C’est le sujet de l’Homme satis nom, le seul ouvrage a peu près intelligible de l’excellent Ballanche. — Le duc Victor de Broglie reproche aux avocats du maréchal Ney, Dupin et le ? deux Berryer, d’avoir choisi la Chambre des pairs et récusé le conseil de guerre, composé de maréchaux et de généraux dont la plupart avaient, comme lui, pris parti pour l’usurpateur relaps et auraient certainement épargné sa vie. » — En était-il bien sur ? — La Chambre des pairs, malheureusement dominée par les passions du moment, n’avait pas ou presque pas d’enjeu dans ce crime des Cent-Jours, qui amenait le maréchal à sa barre. Les généraux, par cela même qu’ils avaient subi ou failli subir la fascination napoléonienne, qu’ils avaient été ou failli être complices de ce qu’ils auraient eu à juger, eussent peut-être voulu déployer d’autant plus de zèle royaliste qu’ils se sentaient moins impeccables. Ils auraient