Vaubernier ; flatté par ses contemporains et ses
contemporaines, qui lui savent gré de personnifier avec
éclat tout ce qui, dans ce diable de siècle, dans ce
siècle du Diable, caressait les imaginations, chatouillait
les sens, émancipait les esprits, encourageait la
connivence de l’incrédulité et du vice, et permettait
aux âmes de se croire à la fois dégagées de tout
devoir, déchues de toute espérance et affranchies de
toute crainte ; Voltaire, enfin, Voltaire, déjà nommé,
qui, en ce moment transitoire, fier de l’amitié de
d'Argenson, de Richelieu et de Frédéric, faisant
griffe de velours, encensait Louis XV bien plus que
Boileau n’avait loué Louis XIV, et ne paraissait
encore se douter que ce ne serait pas l’encensé, mais
l’encensoir, qui donnerait son nom à son siècle.
Ce qu’on ne se lasse pas d’admirer dans ces deux volumes éclairés de documents authentiques, c’est la souplesse de la plume ou du pinceau, la variété du ton, l’alliance de l’artiste consommé avec l’historien accompli. Le merveilleux récit de la bataille de Fontenoy, avec ses péripéties si émouvantes et la distribution de gloire qui revient à chacun, est désormais classique dans la meilleure acception du mot, et a pris place auprès de la bataille de Rocroi, de Monseigneur le duc d’Aumale. Ici, une radieuse aurore ; là, un beau soleil couchant. Singulier contraste ! Louis XIV enfant ne pouvait assister à la journée de Rocroy ; Louis XV, homme fait, prit une part très honorable, presque glorieuse, à la bataille de Fontenoy ; et pourtant, dans les lointains de l’Histoire, il