rable soirée ? Pierre Maurin resta à l’évêché sans attributions déterminées, mais sans oublier un moment de se rendre utile ; cultivant le jardin, arrosant les plates-bandes, soignant l’âne légendaire, ratissant les allées, taillant les arbres fruitiers, tour à tour maçon, menuisier, ébéniste, vitrier, serrurier, badigeonneur. Il savait un peu de tous les métiers. Au bout d’un mois, cette vie de repos sans le désœuvrement, un bon régime, un air sain, un renouvellement complet de linge et de costume, les attentions délicates du bon évêque, trop bien secondé par Apollonie, rajeunirent Pierre de dix ans, firent ou refirent de lui un beau garçon bien planté, carré d’épaules, à l’œil vif, au jarret d’acier, battant son plein, orné d’une belle balafre dont la blancheur se dessinait sur le hâle de son teint. — « Vraiment, Pierre ! lui disait Monseigneur en plaisantant, vous êtes plus royaliste que vous ne le croyez. Vous êtes une image de la Restauration ! » — Mais, sur ce seul point, Pierre se montrait réfractaire. Son intelligence restait aussi fermée qu’avant sa seconde éducation. En dehors de son Empereur, de son général, de son évêque, — et du bon Dieu, quand son évêque lui en parlait, — il ne voyait, ne comprenait et n’acceptait rien.
Bientôt, pourtant, il comprit autre chose, et ce fut pour lui une douleur nouvelle. Ses diverses fonctions le mettaient souvent en contact avec Apollonie. Ce n’est pas à moi, pauvre vieux prêtre, à vous parler une langue