brute ou d’un scélérat. Si Pierre Maurin eût payé cette hospitalité vraiment évangélique en volant l’argenterie, non seulement l’évêque se serait bien gardé de mentir aux gendarmes et de dire à Pierre : « Je vous avais donné les chandeliers aussi ; pourquoi ne les avez-vous pas emportés ? » Mais il aurait dit à la justice humaine : « Ma besogne est finie ; faites la vôtre ! »
La nuit se passa très paisiblement, et, le lendemain, Rosalie retrouva ses couverts là où elle les avait mis. Au point du jour, je me promenais dans le jardin avec Monseigneur. Il tenait à la main le journal qui rappelait les magnifiques états de service de son frère, le général de division : — « Ah ! me disait-il en souriant avec un peu de tristesse, je serais trop fier de mon cher Sextius, s’il était un peu plus… un peu plus catholique !… Mais voilà ! ce diable d’homme — pardon ! ce grand homme les a tous ensorcelés… L’Empereur est un Dieu pour mon frère, et ce Dieu les empêche de songer au véritable !… »
Notre promenade nous avait ramenés sous la fenêtre de la chambre d’ami où le galérien venait de dormir sous le même toit que l’évêque. Monseigneur, levant les yeux dans la direction de cette fenêtre, me dit avec une expression d’affectueuse inquiétude :
— L’abbé ! qu’allons-nous faire de ce pauvre garçon ?…