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Fréjus. Ils y trouvent le calme, la vie à bon marché, un air balsamique, une température égale, des champs plus fleuris que vos jardins, et cette sérénité mélancolique qui dispose si bien à passer de ce triste monde en un monde meilleur.

— Sans compter, repris-je, que, dans cette bienheureuse ville, vu l’excellence de sa parfumerie, ils sont sûrs de mourir en bonne odeur…

— Incorrigible ! pécheur endurci ! dit tout bas l’aimable abbé : puis il ajouta tout haut :

— Le doyen de ce groupe sacerdotal et canonique, le vénérable chanoine Angelin, a été, dans sa jeunesse, secrétaire de l’évêque de Digne. Nul ne peut vous renseigner mieux que lui. Malgré ses quatre-vingt-six ans, il a encore toute sa tête et toute sa mémoire. Nous sommes tous les deux membres de la Société archéologique, scientifique, géologique et minéralogique des Alpes, hautes, basses et maritimes… Si vous voulez, je vous donnerai quelques lignes pour lui. Il vous recevra bien, et, quoi qu’il arrive, vous ne regretterez pas d’avoir risqué ce petit voyage. Seulement, dépêchez-vous ! Je vous ai dit quatre-vingt-six ans : je ne suis pas très sûr qu’il n’en ait pas quatre-vingt-dix…

Le lendemain, je partis de grand matin, et, si je résiste à l’envie de vous décrire cette route qui est un enchantement, ces sentiers bordés d’anémones, ces vagues senteurs printanières, ces gouttes de rosée étince-