Page:Pontmartin - Nouveaux Samedis, 18e série, 1880.djvu/312

Cette page n’a pas encore été corrigée
300
NOUVEAUX SAMEDIS

cours que vous avez prononcé, et où la véritable éloquence le disputait au bon esprit qui y règne. »

Et maintenant, franchissons un espace de treize années ; le temps, pour un enfant né le jour même où M. de Serre était nommé premier président à Hambourg, de devenir un bon écolier de quatrième dans un collège de Paris. Le 28 juillet 1824 (date sinistre !), je venais de composer en version latine au concours général. Je craignais d’avoir fait un contresens. Parents, professeur, répétiteur, étaient fort perplexes, et peu s’en fallait que je n’ouvrisse ma fenêtre, donnant sur le jardin du Luxembourg, pour déclarer aux passants que ce contresens problématique était le grand événement de la journée. Tout à coup, un ami entra dans le salon et nous dit : « Vous ne savez pas ? le comte de Serre vient de mourir à Naples. » — Pour moi, cette nouvelle et ce nom n’avaient pas une signification bien précise. Dans ce petit groupe royaliste, l’émotion fut médiocre ; — « un orateur éloquent ! » — un homme de bien ! » — encore jeune ! quarante-sept ou quarante-huit ans ! » — Rien de plus ; puis un silence, et l’on reprit la conversation. Les acteurs de cette scène de famille ne se doutaient pas que six ans après, jour pour jour, ils verraient passer sous cette même fenêtre, dans cette même allée du Luxembourg, le prologue d’une Révolution, et que cette Révolution aurait pu être conjurée par la politique de l’homme qui venait de mourir. Ce qu’il y eut de curieux et de