cesse vers les régions supérieures. Au moment où il risquerait de retomber, une main invisible le retient et le rattache aux vérités éternelles : nous connaissons peu de spectacles plus émouvants que celui de cette âme légère, impondérable, continuellement attirée vers les hauteurs, jetant son lest à mesure qu’elle monte et partant d’un procédé scientifique pour arriver aux plus pures notions du surnaturel. Doudan, moins chrétien, est aussi subtil ; dans le passage même que j’ai cité et que j’admire, il s’en faut de peu que l’idée ne se dérobe à la moyenne des lecteurs. Mais sa subtilité n’a pas de ces issues lumineuses : elle est obligée de se replier à chaque instant sur elle-même, de vivre de sa propre vie, de se débattre dans le conflit des négations dont elle a le goût avec les croyances dont elle n’a pas le courage. De là une sensation vague de malaise et de froideur, mêlée au charme de cette lecture. L’esprit est supérieur, l’imagination est brillante ; il eût suffi d’un effort de volonté pour changer ce merveilleux dilettante en artiste. On rencontre à chaque page des traits heureux, des coups de pinceau qui feraient honneur à un maître : on aime à saluer, tantôt la rare alliance de la justesse avec la finesse, tantôt, quand le paysage en vaut la peine, l’art d’associer le sentiment personnel ou le souvenir intime aux beautés de la nature, aux monuments du passé ou à la poésie des ruines ; mais on cherche en vain cette chaleur communicative, cette passion
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NOUVEAUX SAMEDIS