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envie de se demander si son piano contient autant de notes que sa personne possède de ridicules.

Mais que dis-je ? Je parle en journaliste, en vil folliculaire, et M. d’Ideville a eu bien raison d’écrire en diplomate, alors même que sa diplomatie n’était plus qu’une partie de ses souvenirs. Il a fait preuve de tact, de goût et de droiture en refusant d’oublier que ses portraits devaient être mis dans un cadre de réserve, que, dans la carrière diplomatique, les bons mots se font avec des réticences, les épigrammes avec des sous-entendus, les traits d’esprit avec des silences ; que, après avoir été le collègue, le subordonné ou le convive de la plupart de ces personnages, il était obligé de les épargner sous peine de s’amoindrir. Forcer le ton, aiguiser la phrase, pousser au noir, changer l’esquisse en caricature, flageller au lieu d’effleurer, c’eût été une de ces espiègleries qu’il faut laisser aux gamins de lettres. M. d’Ideville s’est arrêté à la limite qui sépare la banalité de la satire.

Il lui a suffi de bien nous convaincre que ces années d’expérience n’avaient pas été perdues pour lui ; que le patriotisme et le génie s’exerçant au détriment de la France avaient vite cessé de le séduire ; qu’il avait su distinguer l’ivraie du bon grain, le chrysocale de l’or pur, le charlatanisme du talent, la rouerie de l’habileté, l’aspiration généreuse de l’astuce machiavélique ; que les effets l’avaient désabusé des causes, et que, à ses yeux comme aux nôtres, le saint Pontifie Pie IX était, en défi-