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MES MÉMOIRES

Bientôt, je perdis de vue le persécuteur et sa victime. Jacques Faël, convaincu de colportage de la Guerre des Dieux, du Compère Mathieu et des Chansons de Béranger, fut prié par le proviseur de ne pas revenir après les vacances. Paul Savenay, qui se destinait à la profession de médecin, quitta le collège un an avant moi. Quatre années s’étaient écoulées, et c’est lui, le saint de Guérande, que je retrouvais chez Frédéric Ozanam !

— Oui, le saint de Guérande ! reprit celui-ci ; je vois que vous vous connaissez, et je vous en félicite tous les deux. Sans lui, poursuivit-il, tandis que Paul s’efforçait en vain de le faire taire, sans lui, nous n’aurions jamais pu ébaucher notre pauvre petite Société de Saint-Vin-^ cent de Paul, qui peut-être deviendra grande. Elle reçoit, pour ses débuts, le baptême de feu. Étudiant de troisième année, interne à l’hospice de la Charité, élève chéri du docteur Récamier, Savcnay a été notre providence. Songez donc ! Fonder, en plein choléra, une œuvre comme la nôtre, une société de secours pour les malades, pour les indigents, pour les déshérités de ce