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CAUSERIES LITTÉRAIRES.

l’expression agrandie et poétique dé ce que doit ressentir et dire, après les heures de travail, quiconque peut porter, les fruits de la journée laborieuse aux pieds d’un père chéri et vénéré :

Quand j’eus pris pour devoir la sainte poésie,
Effrayé de ma tâche après l’avoir choisie,
J’hésitai, m’accnsant d’obéir à l’orgueil :
Un bras plus fort que moi m’a fait franchir le seuil :
Alors, pour me donner le courage et l’exemple ;
J’ai gravé votre nom sur la base du temple,
mon père ! et je veux qu’à son couronnement
L’œuvre, aujourd’hui, le porte inscrit plus dignement ;
Je veux que votre front, dans sa verte vieillesse,
Soit entouré d’honneur comme il l’est de tendresse.
Si j’aspirai d’abord, loin du chemin banal,
A porter haut mon cœur tendu vers l’idéal,
C’est par votre sang pur de tout levain sordide.
Par vous, par votre nom dont la vertu me guide…
En ce temps chimérique et de loi périssable,
Heureux le fils qui, las de fonder sur le sable.
Trouve encordiez les siens un immobile autel.
Et marche à la clarté de l’honneur paternel !
Je reviens, ô mon père ! à nos dieux domestiques.
J’ai su le dernier mot de ces tribuns mystiques,
Qui, proclamant les (ils meilleurs que les aïeux,
l’rêchent un <âge d’or où les homn)es sont dieux.
C’est l’erreur de ce siècle ; elle est déjà punie ;
Je n’ai vu de progrès que dans l’ignominie,
Et n’attends rien, pour fruit des âges qui naîtront,
Que des hontes de plus à porter sur le iront…
Qu., 1 homme de nos jours, hésitant sur sa route,
S’il évita l’erreur, n’a pas connu le doute ?
Or, s’il est dans ce doute un parti toujours sûr,
Aussi doux que facile à qui porte un nom pur.
C’est d’être, eu tous les temps, malheureux ou prospère,
Le fidèle soldat du drapeau de son père !…

Vous le voyez, un sentiment personnel, se traduisant