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CAUSERIES LITTÉRAIRES.

renfermer tout ce que notre génération a pu admirer d’éclatant dans le domaine des idées ou dans le domaine des faits : une pareille entreprise eût été folie, et ce n’est pas d’ailleurs faire vraiment honneur à une époque de trop humilier à son profit celle qui la précède ou celle qui la suit ; car, en dépit de nos passions, de nos réactions contemporaines, il existe, entre les divers régimes qu’accepte ou laisse tomber tour à tour un grand pays comme le nôtre, une sorte de solidarité supérieure aux conflits et aux rancunes. Ces batailles gagnées, c’est le drapeau ; ces beaux livres, c’est la langue ; ces dates mémorables de la littérature et de la guerre, c*est le siècle ; cet ensemble de siècles glorieux, c’est la France !

Ceci est vrai de toutes nos gloires, vrai surtout de cette conquête d’Alger, qui n’a ressemblé, à rien et à laquelle rien ne ressemblera jamais. N’y a-t-il pas, en effet, un caractère éminemment national, une émouvante et pathétique grandeur dans cette expédition résolue et accomplie en dépit de ces deux oppositions redoutables qui s’accordaient pour en augmenter les difficultés et les périls : opposition du dedans, formulée à la tribune et dans la presse ; opposition du dehors, représentée par TAngleterre ? Toutes les prévisions sinistres, toutes les suggestions hostiles ou perfides, sont démenties par l’événement, ou plutôt l’événement dépasse toutes les espérances des amis de la monarchie, toutes les craintes de ceux qui spéculaient d’avance sur un revers. Le débarquement s’opère avec un ensemble et une promptitude admirables : Alger est pris : Staouëli ajoute un nom au calendrier de nos victoires ; le drapeau français flotte sur la Casaubah ; un des fils du général en chef paye de sa vie ce triomphe paternel, qui est celui de la chrétienté et de la civilisation tout entière : contrairement aux habitudes de la guerre,