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— Vous verrez cela madame, un beau matin, continua Jeannette en s’animant, la police descendra chez vous.

— Je me moque de la police !

— On fera une perquisition dans vos papiers.

— Je les brûlerai auparavant.

— Et vous serez arrêtée… jetée en prison.

— Bah !

— Oh confisquera votre hôtel, votre linge, vos titres de rente, et tout cela pour ce ci-devant ruiné… ce vagabond…

Mademoiselle Lange interrompit Jeannette :

— Je te défends, lui dit-elle sévèrement, de me reparler de M. Machefer.

— Mais… madame… au moins ne le recevrez-vous plus ?

— Je le recevrai, s’il vient me voir.

Jeannette poussa un gros soupir et se tut.

Le carrosse attelé en poste continua à rouler rapidement vers Paris.

Il arriva à la porte de Charenton comme sept heures sonnaient, gagna les quais, traversa la Seine au pont Neuf et se dirigea vers le faubourg Saint-Germain.

C’était là que mademoiselle Lange, la rose, la belle, l’incomparable mademoiselle Lange, s’était bâti une demeure entre cour et jardin, digne de sa fortune, de son talent et de sa beauté.

La cour était peuplée de statues et de colonnettes de marbre, le jardin planté de grands arbres où chantaient des milliers d’oiseaux.

Argenterie ciselée, vaisselle d’or, tapis d’Orient, tableaux