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Alors se tournant une dernière fois vers tous ces hommes qui, après l’avoir condamné, lui faisaient grâce :

— Messieurs, dit-il, je sais qu’il y a parmi vous des hommes qui ont été condamnés par contumace, et que s’ils tombaient aux mains de la police, seraient conduits à l’échafaud. Mais si la République ne peut toujours être clémente et pardonner, au moins, peut-elle fermer les yeux. Je tiendrai des passe-ports à la disposition de ceux qui voudront quitter le sol français.

Nul ne répondit.

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Quelques minutes après, le citoyen Barras quittait, les yeux bandés, la salle du Bal des victimes, et n’arrachait son bandeau qu’à la barrière Charenton.

Une heure plus tard, il arrivait à Grosbois.

Le jour allait paraître, mais la fête du directeur continuait.

On s’était préoccupé quelque peu de la disparition du maître de la maison, mais le nom de Marion avait circulé de bouche en bouche, et on s’était contenté, parmi les femmes, de jalouser Marion, parmi les hommes, d’envier l’heureux sort du citoyen Barras.

Une seule personne s’était montrée préoccupée et inquiète, — mais elle avait gardé le silence et n’avait confié à personne le secret de sa préoccupation et de son inquiétude.

Et cette personne fut la première que Barras, rentrant par les jardins, rencontra sur sa route, au milieu d’une allée couverte et sombre.

— Paul ! dit-elle en courant à lui.