— Madame, le citoyen Barras est condamné.
— Mais il ne mourra pas, dit la marquise.
— Il a refusé nos offres… dit Cadenet.
— Si nous le laissons vivre, c’est nous qui mourrons, dit Machefer. Messieurs, dit Barras à son tour, qui baisa les mains de la marquise, vous m’avez condamné, et vous avez eu raison.
— Ah ! tu en conviens ? dit Machefer.
— Car, poursuivit Barras, si vous me laissiez sortir d’ici…
— Eh bien ? fit Machefer.
— À la porte du Bal des victimes, Barras se retrouverait le premier directeur de la République.
— Et il nous ferait arrêter, n’est-ce pas ?
— Arrêter et juger.
Et Barras se tourna vers madame de Valensolles :
— Vous le voyez bien, madame, dit-il, ces hommes ont raison en me condamnant.
— Oh ! dit la marquise en tombant sur les genoux et joignant les mains.
Puis, comme on gardait autour d’elle un morne silence, elle se redressa et dit :
— Non, vous ne frapperez pas cet homme, non vous ne souillerez point de sang cette enceinte ! non, vous ne me refuserez pas sa grâce !
— Vous accorderait-il la nôtre ?
— Non, dit Barras.
— Qu’il meure alors ! s’écria Cadenet.