— Un hôtel, un carrosse, des diamants et des dentelles vous iraient mieux que votre éventaire, ma belle.
Marion soupira.
Barras se méprit à ce soupir et poursuivit d’un ton plus pressant :
— Si je vous donnais tout cela ?…
Mais Marion dégagea brusquement sa main que le tendre directeur serrait doucement dans les siennes, et elle répondit :
— Je ne suis pas à vendre, citoyen !
— Fi ! le vilain mot…
— Et vous feriez un pauvre marché avec moi, citoyen… car j’ai eu le cœur si meurtri jadis, qu’il n’a plus la force d’aimer…
— Tarare ! mon enfant… l’amour est comme le phénix, il renaît de ses cendres.
— Quand ses cendres n’ont point été jetées au vent, dit Marion. Ne me parlez point d’amour, citoyen, je suis sourde et aveugle.
— Eh bien ! répondit l’empressé directeur, je tâcherai de vous rendre les deux sens qui vous manquent : la vue et l’ouïe.
Et il retira de son_doigt une superbe turquoise entourée de rubis, et la passa au doigt de Marion.
La bouquetière eut peur et songea à s’enfuir, mais elle se souvint des ordres que lui avait donnés Cadenet.
Et comme elle obéissait à cet homme, sans jamais discuter ses volontés, elle se laissa conduire par Barras vers un banc de verdure où il la fit asseoir.
Puis, il se mit fort galamment à ses genoux. Mais il