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Une fois là, Henri entendit un bruit confus de voix.

— Attendez, dit encore Hélène.

Puis s’approchant de l’autel, sa main tâtonna un moment, puis déplaça un tableau qui le surmontait.

Soudain Henri de Vernières fut fouetté au visage par une vive clarté, et la chapelle lui apparut dans son ensemble et dans ses moindres détails, c’est-à-dire avec ses bancs de bois, son petit autel et son christ d’ivoire.

Le tableau que madame Solérol venait de déplacer recouvrait une ouverture pratiquée dans une cloison très-mince et qui séparait seule la chapelle de la chambre du général.

— Regardez ! dit Hélène.

Et elle poussa Henri vers cette ouverture, qui avait à peu près le diamètre d’un écu de six livres.

Henri colla son œil et vit le général.

Le chef de brigade Solérol était un homme de haute taille, déjà mûr, presque chauve. Son front fuyant, ses lèvres épaisses, ses sourcils qui se réunissaient au-dessus du nez, ses petits yeux d’un gris fauve, donnaient à sa physionomie un cachet de férocité.

On sentait, à le voir, que cet homme avait aimé le carnage, que ses narines avaient dû se dilater à l’odeur du sang qui fumait autour de la guillotine.

Il était pour le moment assis, les jambes croisées, et il fumait.

Les deux hommes qui le suivaient dans le parc étaient avec lui.

Henri regarda ces deux hommes.

Ils lui étaient inconnus. L’un était déjà vieux, l’autre