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et il ne s’arrêta qu’à la porte de cette pièce, où madame Solérol l’attendait sans doute.

C’était un petit boudoir dont les murs étaient couverts de portraits de famille qu’on avait enlevés au grand salon du château.

Jamais le chef de brigade n’y était entré.

Lorsque Henri arriva, madame Solérol était enveloppée dans un grand peignoir blanc et ses beaux cheveux noirs flottaient dénoués sur ses épaules.

— Ah ! dit-elle en jetant ses deux bras au cou du jeune homme, j’avais peur que vous ne vinssiez pas ce soir, Henri.

— Et pourquoi ?

— Il fait si mauvais…

— Vous savez bien que cela ne m’arrête jamais, chère Hélène, dit Henri qui déposa son fusil dans un coin et se laissa choir dans le fauteuil que la jeune femme lui roula au coin de la cheminée.

— Et pourtant, dit-elle, j’avais bien des choses à vous dire ce soir.

— Ah ! fit Henri.

— J’ai de bonnes nouvelles de Paris.

— Vraiment ?

— Oui, mon ami, dit Hélène, nos amis se remuent et travaillent à ramener la France à un autre régime. Le Directoire a renversé l’échafaud, mais, il faut qu’il cède la place à la monarchie restaurée.

— Hélène ! Hélène !… murmura Henri en secouant la tête, ne vous faites-vous pas bien des illusions ?

— Oh ! non, dit la jeune femme avec une sorte d’en-