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que l’on goûte avec délices et que la parole ne rend pas. Se coucher sur l’herbe à l’ombre des peupliers, entouré de productions qui naissent du sein de la terre, n’est-ce pas se retremper, pour ainsi dire, à la source de l’amour et en purifier les actes ? En face d’un beau ciel, au milieu de la verdure et des fleurs, l’âme se sent plus libre et la volupté plus sainte.

Les environs de Paris semblent avoir été aménagés à dessein pour de galants rendez-vous. Une nature souriante, sans rien de rude ni de trop agreste, y invite au plaisir. Gardez-vous, par exemple, des jours où la foule s’y précipite : au lieu du mystère et du silence que vous cherchez, vous n’y rencontreriez que groupes criards, joies vulgaires, caresses banales de gens qui mesurent leur plaisir à l’argent qu’il leur aura coûté. Paul de Kock nous a souvent égayés du tableau de ces parties bourgeoises et fait rire avec les scènes bouffonnes de ses épiciers en goguette ; mais sa plaisanterie n’enlève rien au charme véritablement poétique de tant de lieux chers aux amoureux