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La tige a tressailli, le calice s’incline,
     Et s’incline avec lui tout le trésor caché.

     Et tandis que l’essaim des abeilles ensemble
     Pèse d’un poids léger et blesse sans douleur,
     De la pure rosée incertaine et qui tremble
     Deux gouttes seulement s’échappent de la fleur.

     Ce sont tes pleurs d’hier, tes larmes adorées,
     Quand sur ce front pudique, interdit au baiser,
     Mes lèvres (ô pardonne !) avides, altérées,
     Ont osé, cette fois, descendre et se poser :

     Ton beau cou s’inclina, ta brune chevelure
     Laissa monter dans l’air un parfum plus charmant ;
     Mais quand je m’arrêtai, contemplant ta figure,
     Deux larmes y coulaient silencieusement.

Elle a pleuré, mais elle cédera. Passons à l’instant décisif. Le fruit mûr à point va comme de lui-même tomber dans la main :

     Un jour, comme j’entrais vers l’heure de trois heures,
     Chers instants consacrés et qu’aujourd’hui tu pleures,
     Il venait de sortir ; tu voulus, je m’assis ;
     Nous suivîmes longtemps je ne sais quels récits,
     Mais qui me tenaient moins que ta langueur chargée,
     Ta beauté si superbe et toute négligée,
     Laquelle encor, baignant aux voiles de la nuit,