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voulu ; la séduction insensiblement énerve et aveugle sa proie. On met à profit les trop longs loisirs que procure l’absence du mari, et l’on trouve le moyen de ne point s’ennuyer sans lui. Si douce qu’elle soit, une telle situation finirait, en se prolongeant, par devenir ridicule. Notre nature s’y oppose. La femme la plus inhumaine et la moins sensuelle tiendrait en médiocre estime l’individu qui en pareil cas se montrerait insensible à sa possession. Une telle apparence de dédain ne tarderait pas à décourager ce qu’elle aurait eu de favorable pour lui. Bon gré mal gré, il faut en venir à l’essentiel, à la conclusion du roman. Ils s’y acheminaient par le plus long, trouvant sans doute les stations agréables. Voici celle du premier baiser, le baiser que l’on refuse et que l’on laisse prendre. La pièce est magnifique. Dès que le cœur de l’homme est sérieusement ému, la poésie apparaît et dore tout des reflets de sa lumière :

     Comme au matin l’on voit un essaim qui butine
     S’abattre sur un lis immobile et penché :