Souvent ainsi, le nom qu’aime ma rêverie,
Que je redis sans fin au bout de ma prairie,
Ce nom subitement par d’autres prononcé,
Qui derrière la haie, au revers du fossé,
Jasent à tout hasard, — ce nom chéri m’irrite,
— Ou le mien fait rougir mon Adèle interdite.
Une autre fois, il la rassure et demande grâce pour quelque légère faveur dont elle se repentait :
Nous sommes, mon amie, aussi pleins d’innocence
Qu’en s’aimant tendrement le peuvent deux mortels ;
Ne t’accuse de rien ! Tes vœux purs dans l’absence
Pourraient se suspendre aux autels.
Te vient-il du passé quelque voix trop sévère,
Redis-toi tout le bien qu’en m’aimant tu me fis,
Que par toi je suis doux et chaste, et que ma mère
Me sent pour elle meilleur fils.
Tu n’as jamais connu, dans nos oublis extrêmes,
Caresse ni discours qui n’ait tout respecté ;
Je n’ai jamais tiré de l’amour dont tu m’aimes
Ni vanité ni volupté.
Rien n’est oublié pour faire vibrer la sensibilité féminine, toucher à ses fibres les plus délicates et amener peu à peu l’amollissement