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une nature morale des plus nobles, ayant en soi un idéal, un type élevé d’honnête homme qui peut céder aux orages des sens, mais qui ne s’y laissera point submerger. Ce n’est certes pas un de ces amoureux platoniques dont la flamme dort sous la cendre et qu’une mère de famille garde impunément près d’elle pendant une éternité. En revanche, il apporte dans le commerce de la vie un charme contenu et à demi voilé, l’insinuant et l’art de relever à ses yeux la femme qui glisse, de lui voiler sa faute, de lui ennoblir sa faiblesse. Il est à cet âge où l’excès des espérances confuses, des passions troublantes se dissimule mal sous un stoïcisme apparent, où l’on a l’air de renoncer à tout, parce qu’on est à la veille de tout sentir.

Adèle vit en lui un bras sur lequel, dans son délaissement, elle pouvait s’appuyer, même avec abandon. Celui-là, du moins, il était permis de l’aimer sans aller sur les brisées d’une rivale. Entre un mari qui n’est plus aimable et un soupirant qui promet de l’être beaucoup, comment hésiter ? Ces raisons ne sont pas moralement