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Sans doute l’épouse délaissée se refuse d’abord à imiter des faiblesses qui l’outragent ; elle essaie de ramener l’infidèle par une conduite toute différente de la sienne, mais gare si elle échoue. Il est des épreuves que leur longueur rend fatigantes et dont la sagesse et la raison s’ennuient à la fin.

Telle qu’on l’a vue, Adèle ne devait pas donner beaucoup d’espérance à qui l’aurait aimée qu’elle souffrirait aisément de l’être quand le mariage l’aurait mise dans une condition plus libre. Pendant les six premières années, tout entière au devoir conjugal, elle ne paraît pas avoir cherché ni rencontré d’autre attachement. Lorsque Sainte-Beuve lui fut présenté, c’est à peine si elle daigna faire attention à lui. Nous avons le tableau de cette première entrevue ; il est piquant, surtout quand on le rapproche de ce qui a suivi :

     En entrant, je la vis, ma future maîtresse,
     À côté du génie un peu reine et déesse,
     En sarrau du matin, éclatante sans art,
     M’embarrassant d’abord de son fixe regard.
     Et moi qui d’elle à lui détournais la paupière,