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L’occasion de lancer ce second recueil, plus intime et plus saignant, ne s’est pas sans doute présentée, puisqu’il était encore inédit à la mort de l’écrivain. On disait même que l’édition entière, confiée sous le plus grand secret à un ami de Suisse, avait fini par s’égarer et se perdre. Heureusement rien ne se perd en ce monde, et plusieurs exemplaires du Livre d’amour courent depuis quelque temps sous le manteau. Tout récemment, il en a paru quelques-uns dans les ventes ou à l’étalage des libraires, au prix de cent et même de cent cinquante francs. Un fin bibliophile, M. Jules Le Petit, qui est des mieux placés pour saisir au passage les volumes rares et curieux, a bien voulu m’en communiquer un. Je suis ainsi en mesure d’expliquer les motifs qui décidèrent le penseur incroyant à endosser pendant quelques années la livrée du catholicisme. Il me sera facile de prouver en même temps que cette prétendue conversion ne fut qu’un moyen d’ajouter une corde à sa lyre et d’obtenir la clef du boudoir de l’objet aimé, coup double assez heureux pour qu’on lui pardonne