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du tout le mauvais et ridicule poëte que prétendaient les classiques, et surtout que ce XVIe siècle, traité jusque-là de barbare, fut très-fécond, puissant, savant, et déjà délicat par portions. La plupart des qualités qui distingueront son œuvre s’y montrent en germe : sûreté et fermeté de jugement, finesse de goût, heureuse curiosité d’expression, hardiesse de vues tempérée par un bon sens supérieur. L’âge de l’auteur ne s’y décèle que sur un point, je veux dire l’empressement à étaler une érudition de fraîche date ; il y a trop de noms cités, pas assez de choix. Un autre reproche lui fut adressé par les érudits, les savants en us ; c’était de risquer, sur les origines du théâtre français, des théories incomplètes ou même inexactes. Il a depuis soigneusement réparé cette erreur ; mais la chicane lui laissa de l’aigreur contre la gent pédante, en qui le savoir étouffe trop souvent le goût. Il comparait plaisamment ces déchiffreurs de vieux textes aux animaux dont on utilise l’instinct à déterrer les truffes. Dès qu’ils en ont trouvé une, disait-il, il faut courir bien vite et leur donner du bâton sur le nez ; sinon,