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de peur de n’y pas tomber ; ou encore, je revenais effleurer le péril de l’air effaré dont on le fuit. Mille propos de miel ou de bouc m’accueillaient au passage ; mille mortelles images m’atteignaient. Je les emportais dans ma chair palpitante, courant, rebroussant comme un cerf aux bois, le front en eau, les pieds brisés, les lèvres arides. »

Quand on s’expose ainsi au danger, tôt ou tard on y succombe. De semblables promenades ne sont pas faites pour réconforter la vertu. L’imprudent ne tardera pas à rouler sur la pente des sentiers obliques, à prendre goût à ce qui d’abord effarouche ; il se laissera arrêter par quelqu’une de ces prêtresses de Vénus qui, selon le dicton populaire, font sortir le loup du bois.

« A la fin, de guerre lasse, je tombai sans choix aucun, sans attrait, absurdement, à une place quelconque, et uniquement parce que je m’étais juré de tomber ce jour-là. »

Il n’y a que le premier pas qui coûte. Petit à petit on se familiarise avec ces enjoleuses et l’on revient sans tant de terreur aux mêmes lieux.