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sur un chiffon de papier, qu’il cachera jalousement dans son sein après les avoir à demi effacées de ses baisers.

Hélas ! à cette fleur d’innocence, à cette pure flamme qui s’offre à elles, les femmes préfèrent quelque fat, quelque Don Juan blasé. Leur sot dédain pousse le blond adolescent dans les bras d’une grisette, d’une femme de chambre, heureux quand ce n’est pas sur un fumier que va fleurir la rose aux suaves parfums.

Demeurant avec sa mère et trop bien élevé pour se livrer sous ses yeux à des amours ancillaires, Sainte-Beuve était, fort entrepris. Ecoutons-le nous raconter ses pudeurs et frémissements, lorsqu’il ressent pour la première fois l’aiguillon.

« Je n’avais aucune occasion de voir des personnes du sexe qui fussent de mon âge ou desquelles mon âge pût être touché. J’eusse d’ailleurs été très sauvage à la rencontre, précisément à cause de mon naissant désir. La moindre allusion à ces sortes de matières dans le discours était pour moi un supplice et comme un trait personnel qui me déconcertait :