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peine si la main s’entrouvre de temps à autre pour un fragment de vérité ; çà et là pourtant dans ses livres « de petites phrases qui semblent tomber presque involontairement de la plume, et qui sont aussi profondes que les meilleurs mots épars dans les ouvrages légers de Voltaire[1] ». Enfin arrive le jour où dans une assemblée servile, que dominent des cardinaux jouant au soldat et des maréchaux qui parlent en sacristains, on veut porter atteinte aux résultats d’idées qui sont les conquêtes héritées du siècle précédent, aussitôt l’écrivain jusque-là prudent éclate et réclame les droits imprescriptibles de l’esprit. Le fonds primitif a reparu : dans le sénateur de 1868 revit tout entier l’élève de Daunou.

Ses études terminées, Sainte-Beuve dut choisir un état, se décider pour telle ou telle carrière. Avec le système d’enseignement que l’on pratiquait alors et qui n’est pas encore abandonné

  1. Termes empruntés à M. Taine. On a dit encore avec bien, de l’esprit : « C’est un thésauriseur qui a enterré son or dans une foule de petits coins, et qui, n’ayant dit que la moitié de son secret, a laissé le reste à deviner. »