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empêchent l’homme de vieillir enchaîné dans les langes de son berceau. Quand ils se sont une fois logés dans un cerveau, il est rare que ce ne soit pas pour toujours.

Tel fut le cas de Sainte-Beuve ; il se promit de continuer le XVIIIe siècle en le corrigeant et en lui laissant les témérités anti-sociales et l’impiété. Tout au contraire il traitera avec respect les vieilles croyances et les pertes que fait à chaque pas l’imagination des âges. Mais son plus grand souci sera de ne pas froisser la vérité en l’enfermant dans des formules, et de laisser à ceux qui viendront après lui la faculté de la découvrir à leur tour en profitant de ses travaux.

Assez philosophe pour ne pas craindre par moments de paraître croyant, mais n’arborant et n’affichant aucune enseigne, si ce n’est parfois celle de l’indifférence, il comprend que le monde au milieu duquel il vit n’est pas assez sûr de sa foi pour en laisser discuter l’objet. Aussi a-t-il le soin de ne combattre que de biais la religion et la philosophie régnantes. Pas d’affirmation hostile ni de guerre déclarée : à