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Un point sur lequel ils s’entendirent sans peine, ce fut la philosophie. Après quelques mois de relations, les croyances et la piété du jeune homme avaient disparu. L’esprit scientifique s’empara de lui comme la lumière qui se lève à l’horizon et remplit bientôt tout l’espace. On ne vit jamais d’émancipation plus complète. Sans s’arrêter au déisme plus ou moins flottant de Voltaire et de Jean-Jacques, il adopta résolument le naturalisme de d’Holbach, de Diderot, de Lamark, quitte à y introduire un peu de chaleur et à en dissimuler l’aridité sous un souffle poétique à la Lucrèce.

On sait que cette doctrine, répudiant la foi qui ordonne de fermer les yeux pour obéir à la raison qui conseille de les ouvrir, réduit l’homme au souci de son espèce et n’admet que l’expérience pour établir la vérité. Au lieu d’imaginer une seconde existence pour compléter celle-ci, elle enseigne que notre vie a en elle-même son sens et son but, et que l’on doit en envisager le terme sinon sans regret du moins sans frayeur.

Étudions-la donc pour en tirer un art de