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la direction des esprits. En vain protestèrent-ils contre son essai de restauration monarchique et religieuse, il fut le plus fort. La publication du Génie du Christianisme l’y aida puissamment. L’ambition d’un Corse et la rhétorique d’un Breton se réunirent pour restaurer un culte auquel, chose étrange, ils ne croyaient ni l’un ni l’autre.

Daunou se vengeait de sa défaite par des épigrammes, pauvre vengeance ! Si quelqu’un vantait devant lui la grandeur de Napoléon, il ripostait sèchement : « C’était un homme qui ne savait ni le français ni l’italien. » Pendant tout l’Empire, insensible à la gloire du dehors et retiré au fond d’une bibliothèque, avec ses livres et ses manuscrits, il continue de cultiver la philosophie et les lettres. Le monde proprement dit, celui de l’élégance et des plaisirs, il l’ignore ou mieux il le dédaigne. Le seul tribut qu’il ait payé à la bagatelle fut tout intime, dérobé aux regards. Auprès de lui vivait une gouvernante encore jeune et assez accorte. En tisonnant le soir tous deux au coin du feu, ils finirent par se rapprocher et le vieil érudit