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pour y parvenir ? Il nous le dira avec abondance et verve. « Ah ! savoir le grec, ce n’est pas, comme on pourrait se l’imaginer, comprendre le sens des auteurs, de certains auteurs en gros, vaille que vaille (ce qui est déjà beaucoup), et les traduire à peu près ; savoir le grec, c’est la chose du monde la plus rare, la plus difficile, — j’en puis parler pour l’avoir tentée maintes fois et y avoir toujours échoué ; — c’est comprendre non pas seulement les mots, mais toutes les formes de la langue la plus complète, la plus savante, la plus nuancée ; en distinguer les dialectes, les âges ; en sentir le ton et l’accent, — cette accentuation variable et mobile sans laquelle on reste plus ou moins barbare ; — c’est avoir la tête assez ferme pour saisir chez les auteurs tels qu’un Thucydide le jeu de groupes entiers d’expressions qui n’en font qu’une seule dans la phrase et qui se comportent et se gouvernent comme un seul mot. » Il continue ainsi, accumulant comme à plaisir les difficultés. Aux conditions indispensables qu’il impose, on peut affirmer hardiment que personne parmi les modernes, peut-être