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sentiment permis, modeste et pur, ne trouvait place, et je perdais par degrés l’idée facile d’y rapporter le bonheur. »

Déjà il est de ceux qui, dès le début, ont trop réfléchi, trop disserté sur l’amour pour le ressentir dans toute sa naïveté.

S’il aime à filer l’intrigue amoureuse, une union conjugale et ce qui s’ensuit ne lui sourit pas ; c’est trop simple et trop prosaïque ; il nous le redit sur tous les tons :

« Amour, naissant amour, ou quoi que ce soit qui en approche ; voix incertaine qui soupire en nous et qui chante ; mélodie confuse qu’en souvenir d’Eden, une fois au moins dans la vie, le Créateur nous envoie sur les ailes de notre printemps ! Choix, aveu, promesse, bonheur accordé qui s’offrait alors et dont je ne voulus pas ! Quel cœur un peu réfléchi ne s’est pas troublé, n’a pas reculé presque d’effroi au moment de vous presser et de vous saisir ! »

Comme on voit là se prononcer les instincts du célibataire en même temps que la prudence du bourgeois ! Faute d’une fortune suffisante pour soutenir selon son rang les charges et