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mieux soutenir le combat et affirmer vaillamment le triomphe de l’esprit sur la matière ? Il le fit et fit bien.

On n’a pas osé nier, tant les preuves en sont multipliées et évidentes, qu’il n’ait produit ses plus brillantes œuvres pendant les années mêmes où son corps était en lutte avec la destruction. À la suite d’un travail lent et continu, ainsi qu’il arrive au développement de toute vie supérieure, il avait conquis la dictature intellectuelle et le gouvernement des esprits. Le sien devenait en avançant de plus en plus dégagé et hardi. Sans rien perdre de sa grâce et de sa vivacité, il gagnait en profondeur, en étendue, en maestria. Ses jugements, dans les questions de métaphysique ou d’art, étaient, pour ainsi dire, décisifs et sans appel. Vers la fin, chacun de ses articles fondait une réputation. Le talent, chez lui, atteignit au comble au moment où les forces physiques étaient au plus bas. Déjà ruiné dans ses racines, l’arbre donnait ses plus beaux fruits à l’extrémité du rameau. Parvenu à cet oubli de soi et à ce dédain de la douleur et de la mort, qui est le