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pour le reste de la nation. À force de les promettre et de ne jamais les tenir, ces bienfaits avaient à la longue perdu toute leur grâce[1]. Enfin, dernier motif et non le moins sérieux, la fatigue s’emparait du vaillant producteur et ses forces trahissaient son courage. Il ne pouvait plus suffire, malgré les vingt ou vingt-cinq mille francs qu’il gagnait avec sa plume, aux dépenses toujours croissantes que lui imposaient le luxe d’alentour et des relations de jour en jour plus onéreuses.

Afin de donner une idée exacte de ce que fut son dernier attachement, il est nécessaire d’expliquer un trait particulier de sa nature, qui n’a jamais, ce me semble, été exposé comme il le mérite, je veux parler de son humanité.

Entre les diverses façons d’être humain, la

  1. Dès 1852, il semble avoir voulu discrètement indiquer à l’Empire, qui n’en tint nul compte, le moyen de se concilier la littérature : « Les gens de lettres, ceux qui sont vraiment dignes de leur nom et de leur qualité, ont été de tout temps sensibles à de certains procédés, à certaines choses faites à temps et d’une manière qui honore… Qu’on veuille bien m’entendre : une distinction, une louange juste et bien placée, de l’attention, ce sont de ces faveurs qui rattachent les âmes, même les plus libres. Dans mon parfait désintéressement, j’ai peut-être le droit de dire ces choses. »