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œuvre[1]. Si ce magistrat apporte à son tribunal un esprit de discernement aussi intelligent, que doivent penser les justiciables ?

Bientôt l’amitié ne suffît plus au cœur de l’écolier ; un sentiment plus vif s’empare de lui ; voici venir le premier attrait invincible, le plus simple, le plus éternel de tous ; celui dans lequel les sens jouent leur rôle, même à leur insu, l’amour de Chloé pour Daphnis, celui de Paul pour Virginie. Non loin de la ville, au château de Wierre, habitait une

  1. Les preuves du contraire éclatent à chaque pas ; il faut avoir les yeux obstinément fermés à l’évidence pour ne pas les voir. Afin de couper court à la malveillance de telles insinuations, j’emprunte à la Correspondance une déclaration formelle : « Vous savez, mon cher ami, à quel fond de vérités je crois, autant qu’un tel mot est applicable au faible esprit de l’homme ; les années m’affermissent dans cette manière de voir et d’envisager le monde, la nature et ses lois, et notre courte et passagère apparition sur une scène immense où les formes se succèdent au sein d’un grand tout dont nous saisissons à peine quelques aspects et dont l’incompréhensible secret, nous échappe. Ce n’est ni triste ni gai, mais c’est grave ; et, quand on en est là, on peut laisser avec leurs airs de dédain tous ces esprits disciples et superficiels, qui se flattent de tenir la clef des choses, parce qu’ils ont dans la main quelques bibelots chrétiens, païens ou autres, qu’ils adorent. Au diable les fétiches, de quelque bois qu’on les fasse ! » (Lettre au docteur Veyne, 22 octobre 1866)