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Sainte-Beuve a d’ailleurs confessé lui-même son vice avec un abandon, une sincérité, une bonhomie qui doivent, si je ne me trompe, lui valoir le pardon même des plus austères : lisez cet examen de conscience si aimable, et vous inclinerez volontiers à l’indulgence :

« Que faites-vous, mon ami ? Vous êtes mûr, vous êtes savant, vous êtes sage, et peu s’en faut que vous ne paraissiez respectable à tous. Et voilà que la beauté vous reprend et vous tente. Vous y revenez. La jeune Clady trouve grâce à vos yeux par son sourire ; vous avez pour elle de tendres complaisances, et on l’a vue, me dit-on, à votre bras un soir, et le matin dans la voiture où vous la promeniez. — Je le sais, mon ami, je me sens bien vieux déjà, on me dit savant plus que je ne le suis, et je voudrais être sage ; mais ne le suis-je pas du moins un peu en ceci ? Clady est belle ; elle est jeune ; elle me sourit. Je la regarde ; je ne fais guère que la regarder, mais j’y prends plaisir, je l’avoue ; j’aime à la voir près de moi, à la promener un jour de soleil, et, en la voyant là riante, qu’est-ce autre chose ? Il me semble qu’un moment