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ses gars et plaça l’autre en viager, ce qui lui permit de boire tous les matins son petit verre, en bénissant la Providence d’avoir si généreusement récompensé la vertu de son enfant.

En fait d’héritage, la défunte n’avait laissé à son maître qu’une grande diablesse de cuisinière, nommée Adèle, à qui il dut de fâcheux désagréments. À cette époque, l’omnibus qui passait dans la rue Montparnasse avait contracté une singulière habitude. À mesure qu’ils entraient dans la rue, les chevaux ralentissaient le pas et, arrivés devant le numéro 11, s’arrêtaient court. Aussitôt le conducteur s’approchait de la fenêtre du rez-de-chaussée, où une main amie lui tendait un verre de vin, qu’il lampait lestement. Autant en faisait le cocher, puis l’omnibus reprenait sa marche au grand étonnement des voyageurs : c’était Adèle qui régalait ainsi ses amoureux aux frais du patron.

Celui-ci ne l’apprit que par une note apportée par le marchand, où de deux jours en deux jours figuraient les bouteilles de vin qu’il était censé avoir bues. « Je vois encore, dit M. Le