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un trop frugal repas, sa famille, afin d’épargner combustible et luminaire, se rendait à la ferme voisine, où la marmaille puisait un supplément de souper dans la marmite aux pommes de terre. Enfin, vaille que vaille, les garçons, en grandissant, avaient appris à gagner leur vie. Mais que deviendrait la fille ? Thomas, ennuyé de la voir monter en graine, l’avait expédiée sur Paris, où l’on disait que, avec de la conduite, elle ne manquerait de rien. Dieu merci ! elle avait rencontré un bon monsieur. Était-ce une raison de renier ses parents ? Sainte-Beuve apaisa le vieillard par quelques présents et promit de lui venir en aide. C’est bien ainsi que l’entendait Thomas.

Sitôt que sa fille eut fermé les yeux, il accourut, réclamant sa part de succession, les tapis, les meubles, que sais-je ? sous prétexte qu’elle avait mis en commun sa fortune avec celle de son amant ; il menaça celui-ci d’un procès et, profitant de son inexpérience en affaires, parvint à lui extorquer 12,000 francs.

De retour au pays, en bon père de famille, il fit deux parts de la somme, distribua l’une à