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le linge et l’argenterie, qu’elle fit graver à son chiffre, tenant le critique en charte privée et s’efforçant d’éloigner par ses rebuffades les anciens amis et serviteurs. Dans la solitude et le vide ainsi faits autour de lui, elle espérait établir à tout jamais son empire et ajouter la durée à sa fortune. Ce fut malheureusement ce qui lui manqua. La mort, interrompant une félicité si parfaite, vint l’enlever à son ambition. Elle succomba à une affection de poitrine, augmentée, paraît-il, par la frénésie de la passion amoureuse.

Au cours de la maladie, un vieux paysan se présenta pour la voir, disant qu’il était son père. Dans un premier mouvement de pudeur, elle refusa de le reconnaître et ne céda qu’aux instances de son amant, curieux d’apprendre à quelles gens elle appartenait. La source était pure, mais bien humble.

Thomas Devaquez raconta, sans se faire prier, qu’il était batteur en grange au village de Montauban, près Péronne, et père de nombreux enfants. Il n’avait pas eu toujours du pain à leur donner. Maintes fois, le soir, après