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pas toujours abdiquer à temps leur autorité ; même après notre émancipation, ils voudraient continuer à guider nos allures ; ils ne se décident qu’à regret à laisser le poulain courir sans entraves en sa libre carrière. De là quelque froissement, un peu d’impatience chez le jeune homme dont on gêne l’essor, dont on contrarie les généreux instincts : « Ma mère, disait Sainte-Beuve, ne m’a cru vraiment à l’abri de la misère que depuis ma réception à l’Académie. » Lorsque Armand Carrel venait lui rendre visite, elle en prenait ombrage et s’effrayait plus que de raison. Ces légers dissentiments ne diminuaient en rien les égards et la piété de son fils. Ils avaient peu de goûts communs, une existence peu mêlée, mais ils vivaient à eux deux assez doucement.

Voulez-vous savoir quelle fut son attitude lorsqu’il eut le malheur de la perdre ? Écoutez le témoignage d’un témoin oculaire : « Il la soigna, dans ses derniers moments, comme un fils et comme un garde-malade qui pense à tout et fait tout lui-même. À l’église, au service funèbre, auquel j’assistais, je lui vis, ce que je