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Balzac comprit sans doute que tous ces traits n’avaient pas entamé l’adversaire, et il revint à la charge dans son roman les Fantaisies de Claudine, qu’il a depuis appelé, je crois, un Prince de la Bohême. Il y parodie, avec la malignité d’un gamin, le style un peu maniéré des premiers volumes de Port-Royal et celui de Volupté. Dans ces deux ouvrages, Sainte-Beuve avait abusé, en effet, de ces épithètes moitié idéales, moitié réelles, essentiellement poétiques, qui font entrer dans le secret des choses et en éveillent en nous le sentiment. Il était facile de le ridiculiser sur ce point. Il suffisait de détacher quelques adjectifs du milieu qui les explique et les justifie, pour qu’ils parussent aussitôt extravagants, de mauvais goût. C’est pourtant le procédé commode dont l’irascible romancier n’hésita pas à se servir.

Sainte-Beuve prit sa revanche en homme supérieur. À la mort de Balzac, en 1850, il écrivit sur lui un article excellent, purgé de toute rancune, plein de justesse, sympathique même, et qui ne laissait rien à désirer aux plus fervents admirateurs de cet étonnant génie. En