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On sait que Boulogne était le port d’où Napoléon comptait s’élancer pour sa descente en Angleterre. Il y venait de temps à autre passer en revue l’armée et la flottille. En 1811, notre jeune écolier, en compagnie de militaires et costumé en hussard, assista à la dernière de ces revues et vit de près le grand capitaine. Je doute que ce spectacle l’ait beaucoup enthousiasmé ; ou, s’il rêva un moment de gloire et de combats, les événements y mirent obstacle. Au fond, il était de ceux qui en guise d’épée auront surtout à cœur de tenir une bonne plume. Dans ses sorties, il passait souvent devant la maison de la haute ville où le Sage s’était retiré, sur ses vieux jours, et se disait sans doute : « Et moi aussi je ferai des livres et je laisserai un souvenir dans ce monde qui passe. » Presque tous les ans, pendant les vacances, il avait le plaisir de voir l’historien des croisades, Michaud, et d’entendre au dessert son odyssée. Ce qui le frappa surtout chez un homme que l’on considérait comme un des chefs du parti royaliste et religieux, ce fut d’apprendre que, mis en prison et se croyant à la veille