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de manière à rendre l’essence vénéneuse et le poison délicieux. » En lisant l’étude, on ne se doute pas d’abord de toute la malice qu’elle recèle ; l’ingénieux critique a si adroitement enfoncé dans sa pelote chatoyante une foule de fines aiguilles, qu’il faut un œil exercé pour les découvrir, une certaine dextérité de main pour les en retirer. C’est à croire que, forcé de louer à tour de bras ses amis du cénacle et les divers auteurs déjà célèbres, il a cédé à la démangeaison trop naturelle de se dédommager sur l’homme nouveau qui surgissait dans la littérature en dehors de l’école régnante et sans lien direct avec la tradition.

Il ne lui accorde pas une qualité sans la faire suivre immédiatement d’une restriction qui l’efface ou l’obscurcit. Ainsi, après avoir reconnu l’heureuse idée qu’a eue le romancier de transporter la scène de ses récits d’une province à l’autre et de conquérir, comme Henri IV, la France ville à ville, il ajoute aussitôt :

« Dans Paris, au contraire, le succès a été moindre, bien que fort vif encore, mais on a contesté plusieurs mérites à l’auteur ; il a eu