Page:Pons - Sainte-Beuve et ses inconnues, 1879.djvu/264

Cette page n’a pas encore été corrigée

était une leçon adressée par la jeunesse libérale à l’auteur des Regrets, leçon brutale sans doute et déplacée, mais qui fut d’autant plus vivement sentie par lui qu’elle était mieux méritée. »

La jeunesse libérale ! nous savons ce qu’en vaut l’aune. Elle avait alors pour héraut et porte-parole un talent des plus distingués, une fine plume de polémiste, l’aigle de la bande dont le jeune M. d’Haussonville est aujourd’hui le plus bel ornement. Au plus fort de la guerre d’épigrammes que ce secrétaire des anciens partis dirigeait contre l’Empire, Sainte-Beuve, dans un article bienveillant, lui adressa quelques avis pleins de modération et de sagesse : « Pourquoi tant se courroucer contre un gouvernement que la France tolère, bien qu’elle ne l’ait pas choisi ? Eh non ! tout n’est pas parfait sans doute ; acceptons, sauf à corriger, à améliorer. » L’aiglon répondit avec arrogance, lui si poli d’ordinaire, qu’il ne pactisait pas avec le despotisme. Il avait ses principes, l’amour sacré, désintéressé, de la liberté, de la dignité humaine. En vain lui insinuait-on que l’homme n’a jamais d’autres principes que les intérêts