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Ce Talleyrand, qu’on voulait l’empêcher de portraiturer, il l’a traité avec tant de jubilation qu’il en a, contre son habitude, oublié un remarquable profil tracé par Benjamin Constant dans le livre des Cent et un. Le féroce égoïsme du personnage y est si bien pris sur le vif que je veux citer la page, à titre de hors-d’œuvre :

Ce qui a décidé du caractère de Talleyrand, ce sont ses pieds. Ses parents, le voyant boiteux, décidèrent qu’il entrerait dans l’état ecclésiastique, et que son frère serait le chef de la famille. Blessé, mais résigné, M. de Talleyrand prit le petit collet comme une armure, et se jeta dans sa carrière pour en tirer un parti quelconque.

Entré dans l’Assemblée constituante, il se réunit tout de suite à la minorité de la noblesse, et prit sa place entre Sieyès et Mirabeau. Il était peut-être de bonne foi, car tout le monde a été de bonne foi à une époque quelconque. D’ailleurs, dans ce temps-là, on pouvait

    Ainsi, d’après lui, on ne devrait donner le nom de vertu qu’à celles de nos qualités qui sont un principe de force et d’action, qui grandissent l’individu, et non à celles qui tendent à le rapetisser. Une des maximes de cette théorie était que la modestie est un aveu d’impuissance. Il bâtissait là-dessus toute une refonte de la morale et du Code pénal excessivement neuve et hardie.