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était venu jeune se fixer à Boulogne-sur-Mer comme employé des aides. Successivement contrôleur des droits réunis, puis organisateur et directeur de l’octroi, il aima longtemps une demoiselle de la bourgeoisie et de race anglaise, Augustine Coilliot ; mais il ne put, vu leur manque de fortune, l’épouser qu’à l’âge de cinquante et un ans, alors qu’elle-même en avait près de quarante. Leur union tardive fut, à huit mois de là, brisée par la mort du mari qui laissait sa femme enceinte. L’enfant naquit ainsi dans le deuil et il attribue, avec quelque apparence de raison, le caractère mélancolique de son talent, aux ennuis de sa mère pendant sa grossesse. Rien d’étonnant qu’il ait dû aux souffrances ressenties dans l’amnios cette crainte prudente et cette maturité précoce à qui le monde dès l’abord ne semblera ni si riant ni si facile qu’à d’autres. Quant à son père, le prestige de l’absence en embellissant l’image à ses yeux, il va jusqu’à lui faire honneur de sa propre vocation d’écrivain.

« Mon père avait fait de bonnes études, et depuis il avait toujours cultivé la chose littéraire