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’admettait ni les gros mots ni les injures dont vit certaine presse. Ayant eu un jour l’imprudence de lui apporter un numéro de petit journal où il était bassement insulté, ce fut une explosion de mépris : « Savez-vous ce que c’est que votre X…? Oh ! ne vous en défendez pas, vous avez un faible pour ce torche-c… Eh bien ! votre X…, c’est un tir au pistolet. Quand on en veut à quelqu’un, on va là, on vise son homme, on paie, on tire son coup et l’on s’en va. »

Je voudrais, par un exemple entre mille, indiquer avec quelle habileté Sainte-Beuve parvenait, en restant fidèle à la vérité, à toucher aux fibres les plus délicates sans blesser l’amour-propre des intéressés. On ne peut s’en faire une idée, si l’on ne remet l’article en situation, si l’on ne se représente les difficultés de la tâche. C’est le seul moyen de juger à quel point de franchise il poussait les révélations intimes, fût-ce à l’égard de gens qu’il était habitué à respecter. Essayons d’un fait.

M. Guizot avait épousé en premières noces une femme d’un mérite solide, mais plus âgée que lui, Mlle Pauline de Meulan. Comme