Page:Pons - Sainte-Beuve et ses inconnues, 1879.djvu/244

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’air. On tira du grenier caisses et malles, et l’on y empila ce dont on pourrait avoir besoin. À chaque instant, Sainte-Beuve entr’ouvrait la porte de son cabinet pour héler la gouvernante et lui demander si l’on n’avait pas oublié ceci ou cela, ses caleçons, ses madras (les foulards dont il s’entourait la tête).

Et le soir, aux causeries qui suivaient le dîner, que de charmantes idylles esquissées par avance ! Adieu les tracas et le tourment de l’existence fiévreuse ; désormais plus d’autre souci que de s’abandonner à la bonne loi naturelle et de suivre, mollement étendu sous les pommiers, le circuit de l’ombre autour du tronc. Tous les matins, une promenade sur la lisière de la forêt voisine ou vers la mare où se jouent les canards dans un gai rayon de soleil. Plus de visites ; plus de contrainte gênante :

     Là chacun à son gré dans le logis s’arrange ;
     Si quelque ami nous vient, on le couche à la grange.

Sainte-Beuve avait toujours eu, du moins le croyait-il, des aspirations vers la vie paisible et retirée à la campagne ; il les a exprimées en mainte rencontre. Certain petit tableau de